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mondes plus amusants ; mais il faudrait y passer vite et changer sans cesse. La vie que l’on craint tant de perdre est toujours trop longue pour ceux qui comprennent vite ce qu’ils voient. Tout s’y répète et s’y rabâche.

Je t’assure qu’il n’y a qu’un plaisir : apprendre ce qu’on ne sait pas, et un bonheur : aimer les exceptions. Donc, je t’aime et je t’embrasse tendrement.

Je suis inquiète de Sainte-Beuve. Quelle perte ce serait ! Je suis contente si Bouilhet est content. Est-ce une position et une bonne ?


DCXXXVII

À M. ARMAND BARBÈS, À LA HAYE


Nohant, 12 mai 1867.


Ami,

Je ne crois pas à l’invasion, ce n’est pas là ce qui me préoccupe. Je crains une révolution orléaniste, je me trompe peut-être. Chacun voit de l’observatoire où le hasard le place. Si les Cosaques voulaient nous ramener les Bourbons ou les d’Orléans, ils n’auraient pas beau jeu, ce me semble, et ces princes auraient peu de succès. Mais, si la bourgeoisie, plus habile que le peuple, ourdit une vaste conspiration et réussit à apaiser, avec les promesses dont tous les prétendants