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Le Duc-Berton, Villemer-Ribes, Caroline-Thuillier, la Marquise-Ramelli, Pierre-Rey, sont excellents.

Diane de Saintrailles, charmante, un peu maniérée ; madame d’Arglade, un peu faible, et Clerh-Benoît, qui dit quatre mots, ne gâtent rien.

Le théâtre, depuis le directeur jusqu’aux ouvreuses, dont l’une m’appelle notre trésor, les musiciens, les machinistes, la troupe, les allumeurs de quinquets, les pompiers, pleurent à la répétition comme un tas de veaux et dans l’ivresse d’un succès qui va dépasser celui du Champi. Tout ça, c’est la veille, il faut voir le lendemain ; s’il y a déroute, ce sera autre chose. On annonce toujours une cabale. Les uns la disent formidable ; les autres disent qu’il n’y aura rien ; nous verrons bien. Le moment du calme est venu pour moi qui n’ai plus rien à faire que d’attendre l’issue. La salle sera comble et il y en aura autant à la porte. De mémoire d’homme, l’Odéon n’a vu une pareille rage. L’empereur et l’impératrice assisteront à la première ; la princesse Mathilde en face d’eux, le prince et la princesse Napoléon au-dessous. M. de Morny, les ministères, la police de l’empereur nous prennent trop de place, et ce n’est pas le meilleur de l’affaire. Nous aimerions mieux des artistes aux avant-scènes que des diplomates et des fonctionnaires. Ces gens-là ne crèvent pas leurs gants blancs contre une cabale. Il n’y a que le prince qui applaudisse franchement.

Enfin, nous y voilà ! les décors sont riches et laids.