Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

curieuse de savoir si je retrouverai l’émotion que cela m’a donnée en détail.

Non, Théo[1] ne sera pas de l’Académie. Il ne voudra pas faire ce qu’il faut pour cela, ou, s’il s’y résigne, il le fera mal. Il ne se tiendra pas de dire ce qu’il pense des vieux fétiches. Si je me trompe, je serai bien étonnée, par exemple !

Mais, vous qui ne parlez pas de vous, êtes-vous toujours décidé à quitter la France dans un temps donné ? Non, cela me paraît impossible. Il me semble que la France a besoin de ses amants ; ceux qui lui appartiennent légitimement la méconnaissent ou la brutalisent. Restez avec nous, aidez-nous à rester Français ou à le redevenir.

N’oubliez pas que vous m’avez promis de venir me voir ici. Notre vieille maison est un coin assez curieux, où l’on a réussi, pendant trente ans, à vivre en dehors de toute convention et à être artiste pour soi, sans se donner en spectacle au monde. Vous y serez reçu par mes enfants comme un ami.

Et bonsoir ! Me voilà très fatiguée d’avoir écrit ; mais je suis à vous de tout cœur.

G. SAND.
  1. Théophile Gautier.