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DCXX

À GUSTAVE FLAUBERT, À CROISSET


Palaiseau, 29 novembre 1866.


Il ne faut être ni spiritualiste ni matérialiste, dites-vous, il faut être naturaliste. C’est une grosse question.

Mon Cascaret — c’est comme ça que j’appelle le petit ingénieur — la résoudra comme il l’entendra. Ce n’est pas une bête, et il passera par bien des idées, des déductions et des émotions avant de réaliser la prédiction que vous faites. Je ne le catéchise qu’avec réserve ; car il est plus fort que moi sur bien des points et ce n’est pas le spiritualisme catholique qui l’étouffe. Mais la question par elle-même est très sérieuse et plane sur notre art, à nous troubadours plus ou moins pendulifères, ou penduloïdes. Traitons-la d’une manière toute impersonnelle ; car ce qui est bien pour l’un peut avoir son contraire très bien pour l’autre. Demandons-nous, en faisant abstraction de nos tendances ou de nos expériences, si l’être humain peut recevoir et chercher son entier développement physique sans que l’intellect en souffre. Oui, dans une société idéale et rationnelle, cela serait ainsi