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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

qui fait l’objet de cette lettre, l’art et les artistes, — l’art qui est notre profession à vous et à moi, les artistes qui sont vous et moi, mon cher confrère, — il me semble que notre mandat serait de lutter contre l’excès de prosaïsme qui envahit forcément le monde, et, tout en laissant passer ces flots troublés qui s’épureront tôt ou tard, de sauver quelques perles, ou tout au moins quelques fleurs entraînées par l’orage.

Où avez-vous l’esprit, où avez-vous le cœur, vous qui, comme moi, depuis tantôt vingt-cinq ans, faites de l’art, et vivez en artiste, de fulminer toutes ces imprécations contre le poète, le peintre, le musicien, le comédien, contre tous les amants de l’idéal ?


CCCXCVIII

À MADAME ARNOULD-PLESSY, À PARIS


Nohant, 21 novembre 1855.


Ma belle mignonne,

J’ai été, et je suis encore toute malade ; mais il ne faut pas le dire parce que ça m’attirerait trente lettres d’amis effrayés plus qu’il ne faut. Ce n’était qu’un rhume ; mais les rhumes ont chez moi un caractère nerveux, d’un bien méchant caractère. Ils m’étouffent littéralement. Enfin, ça va un peu mieux ; mais