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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

qu’en dépit de l’arrivée et de la présence de mes enfants, j’avais le cœur triste. Nous avons perdu, en effet, le meilleur de notre groupe d’amis ; le plus dévoué, le plus généreux, le plus actif Berrichon qui ait existé, je crois.

Je te remercie, mon cher vieux, de tes souhaits de nouvel an, je n’ai pas besoin de te dire que je te souhaite aussi la meilleure destinée possible en ce triste monde, où nous ne sommes pas toujours sur des roses et où il faut courage, travail, patience et volonté ; résignation surtout ! car nous avons beau faire, quand la mort frappe sur ceux que nous aimons, la cruelle qu’elle est se bouche les oreilles !

Je n’ai pas de nouvelles de l’affaire du pauvre Defressine[1]. Demande à M. Bixio si le prince s’en occupe et s’il y peut quelque chose.

Tu nous avais promis, de par ta science agricole et économique, que le blé n’augmenterait pas. Il augmente affreusement et il y a beaucoup de misère ici. Heureusement, le froid n’a pas persisté ; car nous étions au bout de nos fagots, et les pauvres faisaient triste mine. Le bois augmente toujours et, qui pis est, il est rare. Nous sommes obligés d’en abattre pour nous chauffer et de le brûler vert.

Voyons, je m’imaginais, que, depuis que tu faisais dans un journal savant, nous n’allions plus manger que des ananas et des oranges ; que le vin allait

  1. Déporté à Lambessa après le coup d’État de 1851.