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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

que le Berry est la croûte aux traditions. Nini, qui est avec moi depuis mon retour de Paris, a été invitée à passer les fêtes de Noël chez Angèle, qui a un joli garçon du même âge que Nini, un George aussi, qu’elle a adopté pour son petit mari et dont elle est positivement folle. Elle a donc vu l’arbre merveilleux et elle ne tarit pas sur ce chapitre.

Oui, j’avais reçu ta lettre à Paris, ma chère fille, et mon retard à te répondre est tout de ma faute : j’ai quitté Paris si enrhumée, que j’en étais imbécile. Arrivée ici, j’ai travaillé, jardiné et si bien rempli mon temps, que, fatiguée le soir d’avoir écrit ou pioché la terre toute la journée, j’allais me coucher, remettant mes lettres au lendemain.

Depuis que nous sommes littéralement enterrés sous la neige, — on en a rarement vu autant, dans ce pays-ci, que cette année ! — je me fatigue encore davantage, pour combattre le froid, qui me rend ordinairement malade, et dont je triomphe par une santé comme je ne l’ai jamais eue. Plus de migraines, plus de douleurs, rien. Je dois cela à la fureur du jardinage, que je poursuis jusque dans les temps impossibles. En ce moment, je balaye la neige et je fais des forteresses avec Maurice ; car tu sauras que Maurice a eu la gentillesse de venir avec Solange, par le temps le plus affreux, un ouragan, des tourbillons et du verglas, pour passer le jour de l’an avec moi et faire cette veillée que tu connais, où l’on se saute au cou, sur le coup de minuit, en échangeant des petits ca-