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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

santé dans la lettre que je reçois aujourd’hui en rentrant chez moi, et qui est du 21 mai.

Vous me dites que vous allez un peu mieux. Un peu n’est pas assez. Mais je ne peux pas croire que bientôt vous n’ayez pris le dessus ; si jeune, si bien organisé et si hautement doué, vous voudrez et vous pourrez. Je vous attendrai à Nohant tout l’été, et, si vous tenez votre promesse, je vous aimerai encore mieux, si c’est possible. Sur ce, je vas dormir d’un beau somme ; car j’ai beaucoup de chemins de fer et de coups de sifflet, et de gares et de tunnels dans la boule ; mais je n’ai pas voulu me reposer avant de vous avoir embrassé maternellement de tout mon cœur.

G. SAND.

Ah ! j’oubliais de vous parler de l’Académie. Je ne sais pas pourquoi on m’a mise au concours, ni pourquoi on ne m’a pas couronnée, ni pourquoi on m’eût couronnée. Entre cet aréopage et moi, il y un monde inconnu de considérants, de mais, de si, de parce que et de quoique auquel je n’entends et n’entendrai jamais rien. La conclusion, c’est que tout ça m’est égal et que je vis dans une planète très gentille, toute en fleurs, en rêves, où j’ai souffert, pleuré, aimé et béni le bon Dieu, en somme ; et où jamais on n’a entendu parler d’Académie ni de chagrins littéraires. Vous comprenez bien ça, vous, mon enfant.