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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

À présent, je dis tout cela au cas que… ; car j’ignore si Buloz a bien compris ce qu’on lui a dit et s’il est vrai que l’empereur se soit ému de cette petite affaire. Buloz m’a dit que la princesse Mathilde se chargeait de tout, sans plus d’explication. Si la princesse Mathilde est seule en cause, le prince le saura et lui dira tout ce que dessus, comme disent éloquemment les notaires. S’il me le conseille, j’écrirai à cette excellente princesse pour la remercier, et à l’empereur, s’il y a lieu. Ajoutez, pour le prince, que je l’aime de toute mon âme, que j’irai visiter demain son bateau, dans la rade de Toulon : car je vois bien qu’il ne viendra pas ici de sitôt, et il fait bien de ne pas songer à la mer, qui est horrible et furieuse presque continuellement. J’ai été hier, par une grosse houle, voir l’aigle, « galère capitane de Sa Majesté ». C’est ravissant. Lucien a dû vous en faire la description ; car il l’a vue avant moi.

Moi, je suis tourmentée parce que Maurice veut aller faire un tour en Afrique. Il a bien raison et je serai contente qu’il voie ce pays ; mais j’ai peur qu’il ne veuille pas attendre la fin de ces tempêtes et ça va m’inquiéter atrocement. Mais je ne le lui dis pas beaucoup ; car il ne faut pas rendre les enfants pusillanimes par contre-coup, ni gâter leurs plaisirs par l’aveu de nos anxiétés.

Voilà donc Lucien dans la botanique ? L’heureux coquin, qui n’a pas autre chose à faire, et qui à un père comme il en a un, pour le guider et résoudre les abominables difficultés de la spécification ! Ce n’est