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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

les compositions sont jolies excepté le Centaure[1], qui n’est pas manqué, mais dont tu aurais pu tirer quelque chose de plus jeune et de plus poétique. Mais songe à apprendre à peindre et fais des tableaux, puisque tu es à Paris principalement pour y trouver toutes les ressources et facilités qui te manquent ici. Je sais bien que les bruits de guerre rendront les tableaux plus difficiles encore à placer que les éditions à quatre sous. Mais ce resserrement des dépenses de luxe, et la constipation générale n’ont jamais de durée, et, quand on a de l’ouvrage fait, il n’est pas à faire le jour où l’occasion arrive d’en tirer profit. Enfin mets de l’équilibre dans ta vie. Je ne dis pas que tu en manques, je n’en sais rien ; je te dis cela pour le cas où l’amusement l’emporterait un peu trop sur l’utile.

Tu vas donc devenir auteur dramatique ? C’est pour le coup que le père Aulard te traitera d’homme de lettres sur ton passeport. Je désirerais que la nouvelle troupe de pantomime réussît : c’est si joli à ressusciter ! Si tu peux faire qu’il n’y ait pas qu’un seul rôle dans ces sortes d’ouvrages, mais que tous les types soient habillés, costumés, et passables comme talent, ce sera un grand progrès, et Paul Legrand en ressortira beaucoup mieux. J’aurais préféré que tu lui fisses le Noir et le Blanc. Si je ne me trompe pas, c’est là que le Pierrot avait quelque chose de dra-

  1. Composition destinée à illustrer une édition du Centaure de Maurice de Guérin, publiée par George Sand, avec une étude sur cette œuvre.