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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

dommage pour ceux qui sont forts avec la thèse contraire.

Des coups de bâton, je veux bien t’en donner ; mais tu es un affreux blagueur qui ne viens jamais les chercher.

Quant à ce que je devais dire sur les martyrs de la cause, je l’ai dit ; mais cela doit rester dans le tiroir jusqu’à nouvel ordre. Tu crois donc que l’on est libre de dire quelque chose ? Je te trouve beau, toi, avec tes mains dans tes poches, sur le pavé de Bruxelles ! J’ai essayé, au dernier chapitre du roman[1], de faire pressentir quelque chose de ma pensée ; mais il n’est pas dit encore que cela passe.

Trois lignes sur Lamennais ont été coupées à propos des capucins de Frascati, chez lesquels il avait demeuré, et pourtant la Presse fait son possible pour laisser vivre le rédacteur ; ma ! nous sommes dans le royaume de la mort !

Donc, puisque l’on ne peut parler de ce qui, à Rome, est muet, paralysé, invisible, il faut éreinter Rome, ce que l’on en voit, ce que l’on y cultive, la saleté, la paresse, l’infamie. Il ne faut faire grâce à rien, pas même aux monuments qui consolent les stupides touristes, faux artistes sans entrailles, sans réflexion, sans cœur, qui vous disent : « Qu’est-ce que ça fait, les prêtres et les mendiants ? ça a du caractère, c’est en harmonie avec les ruines, on est très heu-

  1. La Daniella.