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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

du temps, et cette réaction passera vite quant au fait actuel. Je crois que, quant au fait général, elle pourra durer quelques mois. Les vrais républicains se sont trop divisés, le mal est là.

Écrivez-moi et brûlez ma lettre. Courage et fraternité.

G. SAND.


CCLXXXI

AU CITOYEN ARMAND BARBÈS, AU DONJON
DE VINCENNES


Nohant, 10 juin 1848.


Je n’ai reçu votre lettre qu’aujourd’hui 10 juin, cher et admirable ami. Je vous remercie de cette bonne pensée, j’en avais besoin ; car je n’ai pas passé une heure, depuis le 15 mai, sans penser à vous et sans me tourmenter de votre situation. Je sais que cela vous occupe moins que nous ; mais enfin il m’est doux d’apprendre qu’elle est devenue matériellement supportable. Ah ! oui, je vous assure que je n’ai pas goûté la chaleur d’un rayon de soleil sans me le reprocher, en quelque sorte, en songeant que vous en étiez privé. Et moi qui vous disais : « Trois mois de liberté et de soleil vous guériront ! »

On m’a dit que j’étais complice de quelque chose,