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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

magnifique, du soleil chaud, ou un ciel gris et doux. Les amandiers fleurissent, et je crois que les rossignols vont arriver. Je fais faire des travaux, dont je ne sais pas m’occuper beaucoup et qui ne me montent pas la tête, comme ceux qui consument d’impatience et d’activité fiévreuse notre bon Planet. Je l’ai trouvé mieux moralement que je ne m’y attendais, mais bien changé, quoique son état général soit amélioré. Solange va repartir et me laisse Nini. Elle ira vous voir.

Racontez-moi si vous avez vu l’impératrice et quelle mine qu’elle a. Puisque Sa Majesté la promène pour la présenter à la population, vous avez le droit d’exiger qu’on vous la montre.

Bonsoir, mes chers enfants ; je m’aperçois que je vous écris sur une feuille simple. Ce n’est point par paresse ; mais l’heure du sommeil arrive, et comme j’ai la vertu de me coucher à une heure du matin, je n’y dois pas déroger. Ce progrès que j’ai fait de dormir la nuit m’a remis sur mes pattes. Je me porte très bien depuis un mois. Et toi, te trouves-tu bien de l’air de Paris ? Il ne vaut certes pas celui du Coudray ; mais la distraction est une compensation, surtout pour les organisations nerveuses. J’espère que ma grosse Eugénie ne va pas perdre ses couleurs et son embonpoint berrichons.

Je vous embrasse de cœur tous deux, ainsi que la petite Berthe. Je donne trois coups de poing à ton gros gars. Engage-le de ma part à ne pas trop écrire