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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CCCLXI

À M. CHARLES DUVERNET, À PARIS


Nohant, 30 janvier 1853.


Chers amis,

Je suis contente que vous soyez contents, que Paris vous amuse, que la bonne Berthe y ouvre de grands yeux. Je pense vous y rejoindre le mois prochain. Rien de nouveau dans le pays, que vous ne sachiez : la mort de madame Vergne et la banqueroute de M. Chabenat. Planet, qui est venu dîner avec nous aujourd’hui, m’a dit que tu y étais pour quelques milliers de francs. C’est fort désagréable sans doute ; mais ce l’est moins que si la chose fût arrivée il y a quelques mois. — Je sais que ta mère se porte bien, Borie l’ayant vue, il y a deux jours. Quant à Nohant, c’est toujours la même régularité monastique : le déjeuner, l’heure de promenade, les cinq heures de travail de ceux qui travaillent, le dîner, le cent de dominos, la tapisserie pendant laquelle Manceau me fait la lecture de quelque roman ; Nini, assise sur la table, brodant aussi ; Borie ronflant, le nez dans le calorifère et prétendant qu’il ne dort plus du tout ; Solange le faisant enrager ; Émile[1] disant des sentences. Nous avons ici un temps

  1. Émile Aucante.