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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CCCXLIX

À M. CALAMATTA, À BRUXELLES


Paris, 24 février 1852.


Mon ami,

Ce qu’on t’a dit qu’il m’avait dit est vrai, du moins dans les termes que tu me rapportes ; mais il ne faut pas se flatter. Je n’ai pas le droit, moi, de suspecter la sincérité des intentions de la personne. Il me semble qu’il y aurait une grande déloyauté à invoquer ces sentiments chez elle et à les déclarer perfides, après que je leur dois le salut de quelques-uns.

Mais, en mettant à part tout ce qu’on peut dire et penser contre ou pour cette personne, il me paraît prouvé maintenant qu’elle est ou sera bientôt réduite à l’impuissance, pour s’être livrée à des conseils perfides, et pour avoir cru qu’on pouvait faire sortir le bon (dans le but) du mal (dans les moyens).

Son procès est perdu aussi bien que le nôtre ; qu’en résultera-t-il ? des malheurs pour tous ! S’il y avait un maître en France, on pourrait espérer quelque chose ; ce maître-là pouvait être le suffrage universel, quelque dénaturé et dévié qu’il fût de son principe ; quelque aveugle et pressé de travailler à son bonheur matériel que fût le peuple, on pouvait se dire : « Voilà