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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

prononcée d’une manière imposante pour l’autorité absolue, le gouvernement pouvait considérer ceci comme une lutte ardente à soutenir, mais non comme un crime à châtier de sang-froid. La lutte a cessé ; le gouvernement, à mesure qu’il s’éclairera sur ce qui s’est passé en France depuis les journées de décembre, aura horreur des vengeances personnelles auxquelles la politique a servi de prétexte, et reconnaîtra qu’il est perdu dans l’opinion s’il ne les réprime. Il reconnaîtra aussi que, là où ces vengeances se sont exercées, elles ont eu un double but, celui de satisfaire de vieilles haines, et celui de rendre impossible un gouvernement qu’elles trahissaient en feignant de le servir. Je ne nommerai jamais personne à M. de Persigny ; mais il s’éclairera et verra bien !

En attendant, M. le ministre m’a dit qu’il ne punissait pas la pensée, et je prends acte de cette bonne parole, qui m’a ôté tout le scrupule avec lequel je l’abordais. Je ne sais pas douter d’une bonne parole, et c’est dans cette confiance que je lui dis que personne n’est coupable dans le département de l’Indre. Initiée naturellement, par mes opinions et la confiance que l’on m’accorde, à toutes les démarches des républicains, je sais qu’on s’est réuni, en petit nombre, qu’on s’est consulté, qu’on a attendu les nouvelles de Paris, et qu’à celle de l’abstention volontaire du peuple, chacun s’est retiré chez soi en silence. Je sais que, partie de Paris au milieu du combat, je suis venue dire à mes amis : « Le peuple accepte, nous