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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

et je suis très peu partisan des insurrections de paysans.

Voilà ce que j’ai demandé à M. le ministre, non comme une faveur du gouvernement que mes amis ne m’ont point autorisée à accepter, mais comme un acte de justice dont ma conscience peut attester la nécessité morale. Mais, pour moi, si je dois accepter cet acte de justice politique comme une faveur personnelle de M. de Persigny, oh ! je ne demande pas mieux, et c’est de tout mon cœur que je lui en serai personnellement reconnaissante, ainsi qu’à vous, monsieur, qui voudrez bien joindre votre voix à la mienne, j’en suis certaine.

Heureuse d’obtenir de sa confiance en ma parole l’élargissement de mes plus proches voisins, je n’ai pourtant pas renoncé à plaider auprès de lui la cause de mon département tout entier. C’est dans ce but que je me suis permis de l’importuner de ma parole, toujours très gauche et très embarrassée. Priez-le, monsieur, de se souvenir qu’au milieu de mon gâchis naturel, je lui ai posé une question à laquelle il a répondu en homme de cœur et d’intelligence : Poursuivez-vous la pensée ? — Non, certes.

Eh bien, parmi les nombreux prisonniers qui sont détenus à Châteauroux et à Issoudun, plusieurs peut-être ont eu la pensée de prendre les armes pour défendre l’Assemblée. Je ne sais pas si elle en valait beaucoup la peine ; mais enfin c’était une conviction sincère de leur part, et, avant que la France se fût