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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

sur la République. Il est gardé à vue par le gouvernement provisoire, qui ne veut pas qu’il se sauve avec son argent, et qui lui mettrait de la mobile à ses trousses. Encore motus là-dessus. Il se passe les plus drôles de choses.

Le gouvernement et le peuple s’attendent à de mauvais députés et ils sont d’accord pour les ficher par les fenêtres. Tu viendras, nous irons, et nous rirons. On est aussi crâne ici qu’on est lâche chez nous. On joue le tout pour le tout ; mais la partie est belle. Bonsoir, mon Bouli ; je t’embrasse mille fois.

Le Pôtu[1] va tous les soirs à un club de Corréziens. Il n’y a ni hommes ni femmes, ils sont tous Limougis. On n’y parle que le patois. Cha doit être chuperbe !

Il va partir pour chon beau pays, aussitôt que je serai enrayée. Il ch’embête beaucoup, parce que je le conduis chez les minichtres, oùche qu’il reste jusqu’à une heure du matin à m’attendre dans les antichambres. Il dit que ch’est un fichou métier. Je crois bien qu’il chera député et qu’il parlera chur la châtaigne.

Ne manque pas de dire à ta garde nationale qu’il n’est question que d’elle à Paris. Ça la flattera un peu.

Prends courage, nous allons ferme. Emmanuel a été deux heures au bout des fusils de brigands qui voulaient le tuer pour ne pas rendre les clefs de la pou-

  1. Victor Borie.