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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

trembler. Tout dépend désormais du courage et de la foi de votre peuple.

Nos journaux de la réaction sont infâmes sur cette question italienne, comme ils le sont d’ailleurs pour tout mouvement de la vie dans l’humanité. Ceux de notre couleur demandent en vain l’intervention contre les Autrichiens et les Russes, qui menacent l’étincelle naissante de nos libertés. Le gouvernement est sourd et muet. Traître ou stupide, on ne sait trop lequel des deux.

La fatalité qui poursuit cette époque, c’est que les mouvements du salut ne se font pas simultanément. Si l’Italie s’était soulevée ainsi en février ! si on eût proclamé la République à Rome en même temps que Vienne chassait l’empereur ! et si, maintenant, la France se réveillait et imposait silence aux aristocraties perfides ! Enfin, ce jour d’élan unanime viendra, et alors les royautés en auront fini pour toujours. Quelle que soit l’issue de votre République italienne, ce qu’elle fait aujourd’hui ne sera pas perdu, et votre œuvre portera ses fruits d’une manière durable avant qu’un siècle se soit écoulé. Maintenant, il dépend des hommes que Dieu se laisse arracher ce miracle dès à présent. La flèche est lancée ; si elle manque le but, ce ne sera toujours pas votre faute, à vous homme de persévérance et d’abnégation, et vous n’avez pas de raisons pour ne pas rester tranquille et plein de foi dans l’avenir et dans vous-même, quand même il vous faudrait encore voir un nouveau temps d’arrêt. Nous