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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

me résumer avec vous en ce moment solennel qui va peut-être nous séparer encore pour un temps, je ne dirai pas plus ou moins long, mais plus ou moins court.

Faites-moi donner un moyen de pouvoir correspondre avec vous d’une manière prompte et discrète autant que possible, n’importe où vous serez.

Le livre que je vous ai envoyé a un autre mérite que celui de l’édition Elzévir, c’est l’œuvre d’un premier chrétien persécuté par le vieux monde, alors que le christianisme et la papauté elle-même représentaient le progrès et l’avenir. C’est l’œuvre d’un prisonnier et d’un martyr. Il y a de belles choses et un mélange de christianisme et de paganisme assez curieux, c’est-à-dire l’idée chrétienne et la forme païenne, ce qui marque un temps de transition comme le nôtre. Je ne sais pas si vous êtes plus latiniste que moi ; ce ne serait pas dire beaucoup plus que zéro. Mais ce latin est facile, et le latin est une langue qu’on se remet toujours à comprendre en peu de jours. Ensuite, c’est un de ces livres à consulter plus qu’à lire, et enfin je vous l’ai envoyé comme je vous aurais envoyé une bague, n’ayant que cela de portatif sous la main. Si vous avez besoin de livres pour de bon, faites-le-moi dire, et je vous enverrai ce que vous désirerez.

Adieu ; ne me répondez que quand vous en avez le loisir et le besoin. C’est un bonheur pour moi qu’une lettre de vous, mais je ne veux pas que ma joie vous coûte un effort ou une fatigue.