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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

a guère d’idées nouvelles, et ce que nous avons trouvé là, n’est probablement qu’une réminiscence. Si nous avions tous nos souvenirs bien présents, nous verrions que nous avons lu cela dans les philosophes de toute l’humanité. »

Quant à moi, je n’ai pas d’instruction, quoique j’aie beaucoup lu. Mais je manque de précision dans la mémoire. M. Borie, étant beaucoup plus jeune, eut plus de facilité à retrouver les textes que je n’en aurais eu, et c’est pourquoi il fit très vite ce travail, que j’aurais fait très lentement. Il me semble aussi que son point de départ, car ses opinions ne sont pas absolument les miennes, donnait plus de force à son raisonnement sur la propriété commune. On devait l’accepter mieux de la part d’un esprit hostile au communisme absolu que de la mienne ; car, moi, j’ai longtemps cru au communisme absolu de la propriété et peut-être que, même en admettant une propriété individuelle, comme je le fais aujourd’hui, je ferais cette dernière part si petite, que peu de gens s’en contenteraient.

Maintenant, ce que vous reprochez à M. Borie, c’est de n’avoir pas donné un moyen pratique, en définissant d’une manière nette et absolue, ce qui est du domaine de la propriété individuelle et ce qui est de celui de la propriété commune. Voilà où, je crois, l’auteur devait s’arrêter dans un petit ouvrage de cette nature ; car les moyens sont toujours une chose arbitraire, une chose essentiellement discutable et modifiable, une chose enfin qui, proposée aujourd’hui par un individu,