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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

que vous ne souffrirez pas du tout sous votre beau ciel. Vous avez toujours des accidents qui me désolent. Si j’étais Désirée, je vous gronderais ; car je crois que la fatalité, c’est souvent notre distraction qui l’amène. J’attends le printemps avec impatience pour vous faire de vive voix les plus beaux sermons.

Je ne pense pas aller à Paris ; mais il faudra que, dans trois mois, j’aille en Limousin installer Augustine. Mais, une fois pour toutes, désormais, je ne vous arrêterai pas au moment du départ ; car il y a de notre faute dans tout cela, et de la mienne par excès de sollicitude. Nous devrions nous dire que l’existence ne peut jamais être à l’abri d’un déplacement imprévu de quelques jours, et que, quand même vous ne me trouveriez pas à Nohant, comme il est certain que je ne peux pas ne pas y revenir après de très courtes absences, désormais il vaut mieux que vous m’y attendiez quelques journées que de manquer des mois à passer ensemble. Il me semble que ceci est une conclusion logique. Je me suis trop effrayée de l’idée que vous seriez tout déroutés de trouver la maison vide, et que Désirée s’ennuierait à m’attendre. Si je vous avais laissés venir, nous nous serions retrouvés bientôt, et nous aurions passé l’été ensemble. Il est vrai que vous eussiez été les convives d’une triste famille pendant quelque temps. Mais, enfin, quand serons-nous assurés contre la douleur ? Il n’y a point de compagnie pour ces désastres.