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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

se répandre, l’ironie a procédé ainsi. C’est à nous d’expliquer à nos enfants comment ils doivent entendre la morale cachée sous ces finesses. Vous-même, vous raillez de cette façon dans votre parodie, tant cette forme est naturelle et instructive ! De notre temps, nous mettons un peu plus les points sur les i. Nous n’y avons pas grand mérite, puisqu’il n’y a plus de Bastille pour les pensées courageuses ; et croyez que l’art ne gagne pas grand’chose à avoir les coudées plus franches ; car c’est un grand art, que de faire deviner ce qu’on ne peut pas dire tout crûment.

Je vois si rarement et si brièvement Leroux, que je ne lui avais pas beaucoup parlé de vous, en effet ; mais, quant à sa prétention d’ignorer que vous faisiez des chansons, souvenez-vous donc, mon enfant, que vous lui en avez chanté deux ou trois ici, et qu’il vous a un peu ennuyé de ses théories, bonnes en elles-mêmes, mais non applicables à mon avis dans la circonstance. Vous voyez qu’il est bien distrait et qu’il a oublié complètement ce fait. C’est un génie admirable dans la vie idéale, mais qui patauge toujours dans la vie réelle.

Vous me demandez un sujet de poème. Diable ! comme vous y allez ! J’y ai bien pensé, mais je crains de ne pas trouver à votre gré. C’est bien grave. Voyons, pourtant. Pourquoi ne feriez-vous pas, soit en prose, soit en vers, l’Histoire de Toulon ? la véritable histoire, rapide et chaude, du peuple de votre ville na-