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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

mais elle a eu un grand courage, un vrai sentiment de sa dignité ; et sa santé, Dieu merci, n’a pas été atteinte. Mon bon Maurice est toujours calme, occupé, enjoué. Il me soutient et me console. Solange est à Paris avec son mari ; ils vont voyager. Chopin est à Paris aussi ; sa santé ne lui a pas encore permis de faire le voyage ; mais il va mieux. Nous attendons tous les jours l’ouverture du chemin de fer qui nous permettra d’aller de Châteauroux à Paris en quelques heures, et qui nous était promise pour le mois dernier.

Cette morsure dont vous me parlez m’inquiète, non pas que je croie aux suites de l’accident. En général, j’y crois peu, et j’ai toujours vu l’imagination faire tout le mal. Mais, justement, je crains les agitations de votre esprit. Je suis sûre que vous ne serez pas malade. Votre sang est trop pur, et je parie que le chien était le plus innocent du monde. Mais vous allez vous tourmenter : je vous connais. Je vous supplie, mon enfant, de n’y pas penser du tout et même d’en rire, et de m’écrire que vous n’y songez plus.

Bonsoir, cher fils ; votre mère vous bénit dans la douleur comme dans le repos. J’embrasse vos deux anges. Dites-moi donc ce que vous avez déboursé, je le veux.

Merci pour Borie de votre souvenir. Il est à Orléans, à la tête d’un journal. Il viendra passer avec nous le mois de septembre.