Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 2.djvu/359

Cette page a été validée par deux contributeurs.
356
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

qui sera, par le sentiment chaleureux et lucide de ce qui doit être. Vous êtes pénétré de cet idéal et de cette poésie, quand vous faites la parfaite distinction de la politique et de la diplomatie qui conviennent aux nations, d’avec la politique et la diplomatie que pratiquent les rois dynastiques.

Il y avait longtemps que j’attendais dans le monde parlementaire la manifestation de cette idée si vraie, qui n’était pourtant pas encore éclose à aucune tribune de l’Europe. Si j’avais été chargée d’écrire sur l’Espagne dans notre Revue et sur l’équipée impertinente de M. Narcisse Salvandy, je n’aurais pas dit autrement que vous, et peut-être exactement de même, quoique nous ne nous fussions pas donné le mot d’avance. Vous avez été courageux et vraiment dans la grande politique sociale en disant de telles choses dans une assemblée nationale. Si la France était moins courbée, moins douloureusement affaissée sous ses maux du moment, la presse libérale entière se fût emparée de votre discours comme d’un monument ; Mais elle y reviendra plus tard, j’en suis certaine, et, dans nos assemblées nationales, on citera vos paroles dans quelques années comme vous avez cité celles de Vatel et de Martens. Vous avez aussi parlé de la révolution de 89 avec une grande vérité et un grand courage : continuez donc, et croyez que l’avenir est à nous, à l’Espagne et à la France, à la France et à l’Espagne l’une par l’autre, l’une pour l’autre, et toutes deux pour le monde entier.