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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CLVII

À M. FRANZ LISZT, À PARIS


Nohant, 16 octobre 1836.


Que devenez-vous, mes enfants chéris ? Je reçois des lettres de tout Genève, excepté de vous. Fazy et Grast m’ont déjà écrit. Ils me disent que vous avez été donner un concert à Lausanne et que vous serez bientôt à Paris. Moi aussi, j’y serai et j’aurai besoin de vous y retrouver pour adoucir les jours de rentrée des Piffoels à leurs écoles respectives.

Ce moment-là est fort triste pour moi, tous les ans, et plus je vais, plus il le devient ; car je n’ai plus d’autre passion que celle de la progéniture. C’est une passion comme les autres, accompagnée d’orages, de bourrasques, de chagrins et de déceptions. Mais elle a sur toutes les autres l’avantage de durer toujours et de ne se rebuter de rien. En attendant la séparation, nous nous reposons ici.

Je me suis avisée, après avoir mis ma lettre à la poste de Lyon, qu’en raison du blocus, la convention postale était peut-être rompue et que j’aurais dû affranchir. Vous me direz si vous l’avez reçue.

Et vous, mes bons Fellows[1], nos chers projets

  1. Sobriquet que se donnait Liszt et qu’il donnait aussi à son élève, Hermann Cohen.