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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

qui je disais que M. Garnier-Pagès m’avait battue à plat, mais que je lui avais répondu après qu’il avait été parti, ont voulu lire et publier cette réponse, qui s’adresse à eux aussi bien qu’à lui. J’y ai changé quelques mots, et c’est tout. C’est peu de chose et je ne vous en recommande pas la lecture ; mais, si vous voulez savoir l’état de mon esprit, il faut pourtant que vous ayez la patience de jeter les yeux sur le troisième article. Mon cerveau n’en est que là, et je crains que vous ne trouviez mon éducation politique bien incomplète et mes curiosités religieuses un peu indiscrètes. Il ne me déplairait point d’être mieux endoctrinée. Je ne suis pas obstinée pour le plaisir de l’être, et, si vous me dites ce qu’il y a derrière les mots socialisme, philosophie et religion, que la Réforme emploie souvent, je vous dirai franchement si cela me saisit tout à fait ou seulement un peu.

Je ne vous demande pas un dogme, ni un traité de métaphysique : je ne le comprendrais peut-être pas plus que ma mère, la fille du peuple, ne comprit le compliment politique qu’elle débita à Bailly et à Lafayette à l’hôtel de ville, en leur offrant une couronne au nom de son district. Mais je vous ferai deux ou trois questions bien bêtes, et, si vous n’en riez pas trop, vous pouvez compter sur le peu que je sais faire. Je suis trop vieille pour que le seul éclat du génie, du courage et de la renommée m’entraînent ; mais je suis encore femme par l’esprit, c’est-à-dire qu’il faut que j’aie la foi pour avoir le courage.