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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

de parti, forcé que vous êtes d’agir comme tel en secret. Comme magistrat, vous serez toujours libre de vous disculper si l’on se trompe, parce que là tous vos actes sont publics. Je fais ces réserves pour l’acquit de ma conscience ; car je crois fermement, d’après votre conduite dans l’affaire des enfants trouvés, que nous n’aurons qu’à louer votre justice et votre humanité.

Maintenant, monsieur le préfet, vous dirai-je à mon tour que je ne vous rends pas solidaire des injures et des grossièretés qui me sont adressées par le Journal de l’Indre ? Si cela ne rentrait pas dans le secret de vos obligations et de vos moyens, je pourrais vous accuser sévèrement, et vous dire que je n’influence pas même l’Éclaireur, tandis que vous gouvernez le journal de la préfecture, de par vos fonctions gouvernementales. Or il m’est revenu qu’on m’y sommait un peu brutalement de répondre à de fort beaux raisonnements que je n’ai pas lus, et qu’irrité de mon silence, on m’y traitait vaillamment de philanthrope à tant la phrase, ou quelque chose de semblable. J’ai beaucoup ri de voir le scribe gagé de la préfecture accuser de spéculation le collaborateur gratuit de l’Éclaireur. Vous pouvez faire savoir à votre champion officieux, monsieur le préfet, qu’il se donne un mal inutile et que je ne lui répondrai jamais. J’ai été provoquée par de plus gros messieurs, et, depuis douze ans que cela dure, je n’ai pas encore trouvé l’occasion de me fâcher. Seulement je pense que ce que je disais