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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

vous. Je ne suis pas chargée de défendre mes amis auprès de vous, je ne veux les désavouer en rien ; mais ne suis pas solidaire de leurs actes et de leurs écrits. J’ai fait mes réserves à cet égard, et j’ai dû ce respect à leur indépendance ; mais, si vous désirez savoir mon opinion sur la polémique personnelle en politique, je suis prête à vous le dire, et vous crois digne qu’on vous parle franchement.

Je ne m’occupe point de cette polémique, mes goûts et surtout mon sexe m’en détournent. Une femme qui s’attaquerait à des hommes dans des vues de ressentiment et d’antipathie serait peu brave.

Les hommes ont pour dernière ressource, quand ils se croient outragés, d’autres armes que la plume, et, comme je ne veux pas me battre en duel, je ne me servirai jamais de la faculté d’exprimer mes sentiments que pour des causes générales ou pour la défense de quelque malheur. Mes griefs particuliers ne m’ont jamais fait publier une ligne contre qui que ce soit, et je ne suis pas d’humeur à changer de système. Quelques autres considérations qui tiennent à mon expérience m’éloignent encore de la polémique de parti. Je trouve que l’esprit du gouvernement est odieux et lâche à l’égard de la presse indépendante ; mais, avant de condamner les mandataires du pouvoir, je voudrais être mieux renseignée, sur la manière dont ils obéissent à leur consigne, que je ne l’ai été dans l’affaire de l’Éclaireur. Selon ma manière de voir, un fonctionnaire dans votre position ne devrait pas être