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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CCXL

À M. PLANET, À LA CHÂTRE


Paris, avril 1844.


Mon cher enfant,

Est-ce décidé, que vous avez choisi M. Borie ? Vous avez bien fait ; car c’est le seul moyen, je crois, d’être imprimé à Boussac, et il ne faut pas vous plaindre que ce soit une condition imposée par Pierre ou plutôt par Jules Leroux. Jules Leroux, homme d’idées austères et d’un caractère très ferme, n’étant pas votre ami, vous connaissant à peine, n’eût jamais voulu être l’ouvrier d’un journal contraire à ses principes ; dans le doute même, dans l’attente de ce que serait l’esprit du journal, il ne se fût pas engagé à l’imprimer.

Je conçois tout cela, et trouve ce scrupule fort respectable. Il y a donc eu là condition, à ce que je vois. Mais je ne digère pas votre mot d’imposé. On n’impose rien à des gens qui vous demandent un service et qui sont parfaitement libres de s’adresser ailleurs.

Si ce mot me choque, appliqué aux Leroux, il me choque bien plus appliqué à moi-même ; et peu s’en faut qu’il ne m’engage à envoyer le journal au diable.