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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Je suis ici l’objet de la curiosité publique. Je ne fais pas un pas, je ne dis pas un mot qui n’en fasse faire et dire mille. Néanmoins on en est à la bienveillance pour moi, c’est la mode présentement.

Adieu, et me ama.


CLVI

À MADAME D’AGOULT, À GENÈVE


Lyon, le 3 octobre 1836.


Chers enfants,

Je suis à Lyon le bec dans l’eau. Je voulais partir sur-le-champ en recevant cette jolie lettre ; mais je n’ai trouvé de places dans les diligences que pour le 3, c’est-à-dire pour aujourd’hui. Cela fait que j’enrage.

Au lieu de passer encore, près de vous, quelques-uns de ces beaux jours qu’on cherche tant et qu’on attrape si peu, je suis dans la plus bête de toutes les villes du royaume, flânant avec madame Montgolfier et un tas de particuliers que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam. Ils m’ont trimballée à Fourvières. N’y allez jamais ! il est bien pénible et il n’est pas bien joli. Puis ils m’ont menée au Gymnase, entendre piauler et piailler madame***, qui est, comme vous savez, toute pointue. Hier, ils m’ont assassinée en me faisant entendre Guillaume Tell, abominablement écorché et massacré par le plus plat orchestre