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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

à M. François de lui en remettre autant sur mon travail à la Revue. Mais cela n’est peut-être pas assez.

Je sais que vous êtes bien gênée cette année. Mais ne pouvez-vous cependant trouver quelque chose aussi au fond de vos tiroirs ? Je ne me bornerai pas là pour ma part, malgré la gêne, les crises imprévues, les charges et les dettes. Je pressurerai les mailles de ma maigre bourse et les facultés lucratives de mon cerveau épuisé. Non, nous ne pouvons pas le laisser succomber. La machine réussira-t-elle ou non ?

Ce n’est pas là ce qui m’occupe. Mais il ne faut pas que la lumière de son âme s’éteigne dans ce combat. Il ne faut pas que l’effroi et le découragement l’envahissent, faute de quelques billets de banque. Confessez-le, arrachez-lui le secret de sa détresse. Sa timidité doit redoubler en raison des nombreux services qu’il a déjà reçus de vous. Surmontez-la. Sachez aussi si François a pu lui remettre les autres cinq cents francs que je lui destinais tout de suite. Et, dans le cas contraire, avancez-les-moi pour une quinzaine seulement. En arrivant à Paris, j’aurai encore quelque chose à toucher.

Bonsoir, mon amie ; donnez-moi de ses nouvelles : je ne puis supporter l’idée que ce flambeau peut s’éteindre et nous laisser dans les ténèbres.

À vous de cœur.

G.

Tout cela pour vous seule. Son malheur et notre dévouement sont notre secret à nous.