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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

plume gracieuse sème par-ci, par-là sur l’histoire de Bohême, et qui me promet la reconnaissance de la race slave depuis la mer Égée jusqu’à sa sœur glaciale. Tu pourras donner ce nom à Solange quand elle ne sera pas sage.

Bonsoir ! reviens, porte-toi bien. J’attends de tes nouvelles avec impatience.


CCXXVI

À MADAME MARLIANI, À PARIS


Nohant, 13 juin 1843.


Chère amie,

Il est vrai que je ne vous ai pas écrit depuis bien des jours. J’ai eu d’horribles migraines et je n’ai rien donné à la Revue pour le numéro du 10 ; ce qui vous prouve que j’ai laissé moisir mon encrier et que j’ai été tout à fait hors de combat. Cet affreux temps ne contribue pas peu à m’accabler. Nous aussi, nous faisons du feu tous les jours. Malgré ce triste printemps, je ne peux pas dire qu’excepté vous et mes amis, je regrette Paris, ou, pour mieux dire, que je regrette Paris pour lui-même. Rien que de voir courir les nuages, les arbres plier sous le vent, et la pluie battre les vitres, je me sens à la campagne, je vois un grand horizon, je ne quitte pas ma robe de chambre