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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Quelques-uns m’ont fait beaucoup de peine sans le savoir, en parlant et en écrivant sur ma personne, mes faits et gestes, même en bien et avec bonne intention. Respectez la maladie d’esprit de celle que vous appelez votre mère.


CCXVIII

À MADEMOISELLE LEROYER DE CHANTEPIE,
À ANGERS


Nohant, 28 août 1842.


Mademoiselle,

J’ai reçu à Paris, où je viens de passer quelques jours, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire il y a deux mois. Je répondrais mal à la confiance dont vous m’honorez si je n’essayais pas de vous dire mon opinion sur votre situation présente. Cependant, je suis un bien mauvais juge en pareille matière, et je n’ai point du tout le sens de la vie pratique. Je vous prie donc de regarder le jugement très bref que je vais vous soumettre comme une synthèse d’où je ne puis redescendre à l’analyse, parce que les détails de l’existence ne se présentent à moi que comme des romans plus ou moins malheureux et dont la conclusion ne se rapporte qu’à une maxime générale : changer la société de fond en comble.