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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

vous du moins par le cœur à ceux qui veulent travailler au temple, dont vous ne faites que le chemin de fer.

Eh quoi ! au lieu de cela, au lieu de les regarder comme vos frères, vous les raillez, vous les outragez, vous feignez de les dédaigner et de savoir mieux qu’eux ce que vous ne comprenez seulement pas ! Eh bien ! peu nous importe, et ce silence glacé de part et d’autre ne sera pas rompu par nous les premiers. Mais, le jour où vous manquerez de cette prudence, vous trouverez peut-être à qui parler. En attendant, vous êtes bien pleutres ; car nous attaquons vos doctrines, nous nous en prenons à votre maître Carrel, nous interrogeons votre pensée d’il y a dix ans, et il n’y en a pas un de vous qui ait un mot à répondre. Ce prétendu dédain de la part de gens de votre force est bien comique en vérité, et ne peut pas nous offenser ; mais il donne à croire que vous êtes de grands hypocrites et des ambitieux bien personnels, vous qui prenez tant d’ombrage de ce que vous appelez notre concurrence ; vous qui dénoncez les autres journaux d’opposition dont vous craignez aussi la concurrence, comme n’ayant pas satisfait aux lois sur le timbre ; vous qui ne vivez que de haine, de petitesse, d’envie et de morgue. Nous vous savons par cœur, et, si nous ne vous dénonçons pas à l’opinion publique, c’est parce que vous n’êtes pas assez forts pour faire beaucoup de mal, et parce qu’il y a bien autre chose à faire à cette heure que de s’occuper de vous.