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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

tendant qu’il aimerait mieux gouverner une bande d’anthropophages que les comédiens du Théâtre-Français. Buloz perd l’esprit qui lui reste, et, moi, je tâche d’attendre avec patience la fin de la bataille.

Pour couronner tous mes ennuis, j’aurai peut-être une sifflade de première classe et force pommes plus ou moins cuites. Enfin, vogue la galère ! Que j’aie un succès ou une chute, j’irai me reposer à Nohant de la vie de Paris, à laquelle je ne me fais pas et ne me ferai, je crois, jamais.

Du reste, tout va bien. Maurice passe ses journées à l’atelier et fait des progrès. Solange prend force leçons et perd beaucoup de temps à sa toilette. Elle tombe dans une coquetterie dont je te prierai de te moquer beaucoup quand tu la verras, pour la corriger.

Le gros Grzymala est toujours amoureux de toutes les belles et roule ses gros yeux à la grande Borgnotte et à la petite Jacqueline.

Ta divine Dorval s’impatiente de ne pas voir commencer sa pièce. Elle a joué Clotilde comme un ange et comme un diable. Madame Marliani est toujours dans la philosophie jusqu’aux oreilles. Maurice s’en est radicalement guéri.

Adieu, mon vieux ; écris-moi donc. Il me semble qu’il n’y a plus de Berry, que Nohant et Montgivray se sont effondrés comme dans le Tremblement de terre de la Martinique qu’on voit à la Porte Saint-Martin, où tous les noirs sont engloutis par douzaines, tandis