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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

dangereux ; et voyez comme c’est vexant : pour une fois que nous y allons, les vents sont favorables, les flots dociles et les pilotes excellents ! Enfin l’humiliation a été complète, aucun de nous n’a eu le mal de mer, et nous sommes revenus aussi sains, aussi gais (je ne dirai pas aussi frais, car nous étions noirs comme des Cafres et rouges comme des Caraïbes), en un mot aussi dispos que si nous eussions fait un tour sur le boulevard de Gand.

Un succès aussi facile me donne une fière envie de faire le tour du monde sur un navire, et d’aller à la Chine comme qui prend une prise de tabac. Ne vous effrayez pourtant pas trop de ce projet, et ne croyez pas qu’au premier jour vous allez recevoir une lettre de moi datée de Pékin. Pour le moment, je tâcherai de me contenter des pékins qui m’environnent, et, dans un mois au plus, je reverrai Nohant, qui a bien aussi ses Chinois et ses magotes.

Hippolyte me mande que vous avez presque le projet de venir à Nohant cet été. Dieu vous maintienne dans cette bonne idée !

Adieu, chère maman ; je vous embrasse ; mais non, je n’en suis pas digne, je baise votre pantoufle.