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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

aura assez pour confectionner un bon pâté que je vous enverrai pour vos étrennes dès qu’il sera refroidi. Mon ami Caron, à qui j’adresse un envoi de même genre, vous fera passer ce qui vous revient.

Agréez en même temps, chère mère, tous mes vœux et mes embrassements du jour de l’an ; ayez une bonne santé, de la gaieté, et venez nous voir, voilà mes souhaits.

Je suis charmée que vous ayez trouvé mes confitures bonnes. Je comptais vous en adresser un second volume ; mais mon essai n’a pas été aussi heureux que le premier. Entraînée par l’ardeur du dessin, j’ai laissé brûler le tout et je n’ai plus trouvé sur mes fourneaux qu’une croûte noire et fumante qui ressemblait au cratère d’un volcan beaucoup plus qu’à un aliment quelconque.

Puisque nous sommes sur ce chapitre, je vous dirai que vous avez très bien fait de ne rien donner à mon envoyé. Il en eût été très choqué. Il veut bien se considérer comme mon ami et mon voisin, mais non comme un commissionnaire. Il vous eût dit qu’il était né natif de Nohant, qu’il se rendait mon messager uniquement par amitié, mais qu’il avait trop de sentiments, etc. Enfin il vous aurait dit peut-être de très belles choses, mais vous avez bien fait de ne le pas payer. Il est très glorieux, je suis sûre, de pouvoir dire qu’il nous a rendu service.

Je ne sais pas si mon projet d’aller à Paris s’effectuera. J’ai même tout lieu de croire qu’il ira grossir