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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

des protections dans ce monde, qui se paye souvent de déclamations à défaut de preuves.

Un de nos plus beaux talents écrivait, il y a quelques semaines : « Il est bien décourageant d’écrire pour des gens qui ne savent pas lire. » Je sais quelque chose de plus fâcheux, c’est d’écrire pour les gens qui ne veulent pas lire. La profession de tout journaliste aux gages de l’état social l’investit du droit de connaître la pensée d’un auteur rien qu’en regardant la couleur de la couverture du livre.

Le public le sait aussi ; c’est au public que j’en appelle, pour repousser les interprétations malpropres du chaste critique qui prétend avoir saisi le résultat et le but définitif de tous mes ouvrages. Je déclare ici que ce juge éclairé d’Indiana, de Valentine, de Lélia et de Jacques n’a ni compris ni lu aucun de ces livres.

Si la franchise de ce démenti le blesse, mon sexe ne me permettant pas de lui donner ou de lui demander réparation, j’institue mon défenseur tout mien compatriote homme de cœur et de conscience, qui se trouvera devant lui.

J’ai l’honneur d’être, etc.

GEORGE SAND.