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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

gnées. Elles sont souverainement impertinentes. Je pense que vous étiez gris en les écrivant. Je ne m’en fâche nullement et ne vous en aime pas moins. Je vous avertis de ne pas faire deux fois une chose ridicule ; cela ne vous va point. Je vous ai toujours vu un tact exquis et une délicatesse de cœur que j’ai su apprécier.

Pour tout le reste, vous avez raison entière, et je ne suis nullement disposée à soutenir une controverse à propos des saint-simoniens. J’aime ces hommes et j’admire leur premier jet dans le monde. Je crains qu’ils ne s’amendent trop à notre grossière et cupide raison, non par corruption, mais par lassitude, ou peut-être par une erreur de direction dans un zèle soutenu.

Vous savez que je juge de tout par sympathie. Je sympathise peu avec notre civilisation, triomphante en Orient. J’en aimerais mieux une autre, qui n’eût pas Louis-Philippe pour patron et Janin pour coryphée.

C’est peut-être une mauvaise querelle. Aussi n’y devez-vous pas faire attention, et, surtout, ne jamais vous effrayer des moments de spleen ou d’irritation bilieuse où vous pouvez me trouver.

Vous vous trompez, si vous me croyez plus agacée maintenant qu’autrefois. Au contraire, je le suis moins. J’ai sous les yeux de grands hommes et de grandes pensées. J’aurais mauvaise grâce à nier la vertu et le travail.

Mes idées sur le reste sont le résultat de mon ca-