Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 1.djvu/244

Cette page a été validée par deux contributeurs.
241
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

J’ai un beau petit chat gris, venu par les toits se donner à nous. Je l’ai accueilli, il est très bon enfant.


XCIX

À M. JULES BOUCOIRAN, À LA CHÂTRE


Paris, 6 mars 1833.


Mon cher enfant,

Vous êtes sur le point de commettre une action très belle ou très folle. Très belle, si vous avez mis cette jeune fille dans la position de ne pouvoir s’établir ailleurs ; très folle, si vous obéissez à un simple penchant.

On me recommande de vous arrêter sur le bord de l’abîme. Je ne saurais croire que vous ayez besoin de conseil, au point où vous en êtes. Il faut que vous ayez des motifs bien puissants pour accepter un lien aussi sévère avec une personne aussi différente de vous. Vous allez trop vite. Prenez garde, mon ami, ne précipitez rien.

Mon Dieu, vous auriez sous la main la plus riche, la plus belle et la plus spirituelle des femmes, je vous dirais encore d’attendre et de réfléchir. Ce ne sont pas l’opinion et les préjugés que je respecte en ce monde. Seule entre tous, peut-être, je ne vous jetterai pas la pierre ; mais je m’effraye de votre avenir. Vous