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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


XCVIII

À MAURICE DUDEVANT, À NOHANT


Paris, 27 février 1833.


Tu me dis, mon enfant, que je ne t’écris pas souvent. C’est toi, petit farceur, qui es fièrement paresseux à me répondre. Tu m’écris des petits bouts de lettre bien courts. J’aimerais tant à savoir tout ce que tu fais, à quoi tu t’amuses, ce qui t’occupe, comment tu dors. Enfin, je vais le savoir bientôt. Tu diras à ton papa de m’écrire lorsqu’il sera pour partir, afin que j’aille au-devant de vous à la diligence. Je te mettrai dans mon lit bien chaud ; ta grosse sœur te bigera comme du pain. À présent, elle t’appelle son petit bijou de frère ; elle est toujours mignonne et bien drôle.

Ce matin, elle a eu bien du chagrin : elle a laissé tomber sa poupée dans le jardin et les chiens la lui ont mangée. Quand elle est arrivée pour la ramasser, il n’en restait qu’une jambe, que la chienne n’avait pas pu digérer. Aussi la pauvre grosse a braillé comme un veau.

Adieu, mon petit ange ; embrasse tout le monde pour moi. Toi, je t’embrasse mille fois sur tes joues roses. Adieu, petit chéri.