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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

ni au retour. Sans ma mauvaise toux qui ne me laissait pas dormir, je me serais assez bien portée.

Merci mille fois de vos bons avis à cet égard ; mais ne me grondez pas de ne pas les avoir suivis très exactement. Vous savez que je suis un peu incrédule, et puis un peu médecin moi-même, non par théorie, mais par pratique. Je n’ai jamais vu de remèdes efficaces aux maux de poitrine ; la nature fait toutes les guérisons quand elle s’en mêle, et l’honneur en est à l’Esculape, qui ne s’en est pas mêlé. Je sais bien que ces messieurs n’en conviendront jamais. Comment un médecin avouerait-il sa nullité ? ce ne serait pas adroit. S’ils faisaient, comme moi, la médecine gratis, ils seraient de bonne foi ; peut-être encore l’amour-propre serait-il là pour les en empêcher.

Tant y a que, sans remède et sans docteur, sans me noyer l’estomac de boissons qui ne vont pas dans la poitrine, je ne tousse plus ; c’est l’important. J’ai bien toujours des douleurs et par surcroît une fluxion de chaque côté du visage dans ce moment-ci. Mais le printemps, s’il veut se dépêcher de venir, mettra ordre aux affaires.

Je vous dirai, chère maman, que, si vous étiez venue passer le carnaval ici, vous ne vous seriez pas du tout ennuyée. Nous avons des bals charmants et nous passons des deux et trois nuits par semaine à danser. Ce n’est pas ce qui me repose, ni même ce qui m’amuse le mieux ; mais il y a des obligations dans la vie qu’il faut prendre comme elles viennent. Dernière-