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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

je vais m’enfermer dans mon cabinet avec mes deux mioches pour ne pas entendre parler de haines, d’élections, d’intrigues, de propos, de vengeances, etc., etc. Pouah !

La peste des petites villes, c’est le commérage. Les hommes s’en mêlent au moins autant que les femmes quand il s’agit d’intérêts politiques. À Paris, on rit de tout ; ici, on prend tout au sérieux. Il y a de quoi crever d’ennui ; car, après tout, la vie n’est pas faite pour se fâcher d’un bout à l’autre. J’aime mieux laisser les hommes comme ils sont que de me donner la peine de les prêcher.

N’est-ce pas votre avis, chère mère, à vous qui avez l’esprit si jeune et le caractère si gai ? Je voudrais que Maurice fût d’âge à entrer au collège ; alors je passerais, près de vous et près de lui, une partie de ma vie à Paris. J’aime la liberté dont on y jouit et l’insouciance qui fait le fond du caractère de ses habitants.

Tout le monde ici se joint à moi pour vous embrasser mille fois. Rendez-le-moi en particulier un peu plus qu’aux autres.

Bonsoir, ma chère petite maman.