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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

vu refuser à cause de l’article susdit, dont il est responsable. C’est pourtant moi qu’a fait ce coup-là ! J’en peux pas revenir et j’en ris à me démettre les mandibules. Ô auguste juste milieu de la Châtre, que diras-tu de mon imprudence !

M. de Latouche, de son côté, ne s’était pas gêné d’annoncer des croisées à louer pour voir passer la première émeute que ferait M. Vivien. Toutes ces gentillesses ont indisposé le roi citoyen et papa Persil, qui lui a dit comme ça :

— Tonnerre de Dieu, sire, c’est trop fort !

— Vous croyez ? qu’a dit le roi citoyen, faut-il que je me fâche ?

— Oui, sire, faut vous fâcher.

Alors le roi citoyen s’est fâché. Et voilà qu’on a saisi le Figaro et qu’on lui intente un procès de tendance. Si on incrimine les articles en particulier, le mien le sera pour sûr. Je m’en déclare l’auteur et je me fais mettre en prison. Vive Dieu ! quel scandale à la Châtre ! Quelle horreur, quel désespoir dans ma famille ! Mais ma réputation est faite et je trouve un éditeur pour acheter mes platitudes et des sots pour les lire. Je donnerais neuf francs cinquante centimes pour avoir le bonheur d’être condamnée.

Je ne vous dis rien de la Nouvelle Atala. Je l’ai avalée, il m’en souviendra ! J’en ai eu le choléra-morbus pendant trois jours. Vous en verrez l’analyse un de ces jours dans votre journal.

Bonsoir, mon cher camarade ; je vous embrasse de