Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 1.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.
161
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

simples emplois. Au commencement de ce nouveau gouvernement, le parti Lafayette (c’est-à-dire MM. de Tracy, Eusèbe Salverte, de Podenas, Duris-Dufresne, etc.) était au mieux avec le pouvoir. Ces messieurs venaient de faire un roi, et ce roi n’avait rien à leur refuser. C’était juste. Cependant, comme ces gens-là n’étaient pas des polissons, après avoir été dupes des promesses de l’hôtel de ville, ils n’ont pas rampé devant le sire. Ils ne lui ont pas dit comme Guizot, Royer-Collard, Dupin et consorts :

« Majesté, tout vous est permis ; nous sommes vos serviteurs très humbles et nous défendrons votre pouvoir, juste ou injuste, absurde ou raisonnable, parce que vous nous avez donné des places et des honneurs. »

Le parti Lafayette, c’est-à-dire l’extrême gauche, en voyant des fourberies, des turpitudes diplomatiques envahir l’esprit du gouvernement et entraver la marche des institutions populaires dont on l’avait leurré, s’est regimbé, et, de plus belle, s’est jeté dans l’opposition.

Il faut bien croire à la bonne foi de ces gens-là. Ils pouvaient, en servant le pouvoir, conserver les bonnes grâces et la faveur. Ils préfèrent le droit de crier, qui ne rapporte que l’acrimonie et le mal de gorge.

Je ne suis pas de leur humeur, moi ! J’aime à rire, et j’ai l’égoïsme de m’amuser de tout, même de la peur d’autrui. Mais j’estime et j’admire la conduite de