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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND
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irrévocablement. Vous savez que je n’abuse pas de ce mot.

Sans attendre un jour de plus, faible et malade encore, j’ai déclaré ma volonté et décliné mes motifs avec un aplomb et un sang-froid qui l’ont pétrifié. Il ne s’attendait guère à voir un être comme moi se lever de toute sa hauteur pour lui faire tête. Il a grondé, disputé, prié. Je suis restée inébranlable. Je veux une pension, j’irai à Paris, mes enfants resteront à Nohant. Voilà le résultat de notre première explication. J’ai paru intraitable sur tous les points. C’était une feinte, comme vous pouvez croire. Je n’ai nulle envie d’abandonner mes enfants. Quand il en a été convaincu, il est devenu doux comme un mouton. Il est venu me dire qu’il affermerait Nohant, qu’il ferait maison nette, qu’il emmènerait Maurice à Paris et le mettrait au collège. C’est ce que je ne veux pas encore. L’enfant est trop jeune et trop délicat. En outre, je n’entends pas que ma maison soit vidée par mes domestiques, qui m’ont vue naître et que j’aime presque comme des amis. Je consens à ce que le train en soit réduit, parce que ma modeste pension rendra cette économie nécessaire. Je garderai Vincent[1] et André[2] avec leurs femmes, et Pierre[3]. Il y aura assez de deux chevaux, de deux vaches, etc., etc. ; je vous fais grâce du tripotage. De cette manière,

  1. Cocher.
  2. Valet de chambre.
  3. Jardinier.