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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

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XLVII

À M. JULES BOUCOIRAN, À PARIS


Nohant, mercredi, 3 décembre 1830.


Mon cher enfant,

Si vous aimiez les compliments, je vous dirais que vous m’avez écrit une lettre vraiment remarquable de jugement, d’observation, de raisonnement et même de style ; mais vous m’enverriez promener.

Je vous dirai tout bonnement que vos réflexions me paraissent justes. J’ai assez de confiance dans le jugement que vous me donnez en tremblant et sans y avoir confiance vous-même.

Comme vous, je pense que le grand compagnon de ce petit monsieur est sans moyens et sans mœurs ; c’est aussi, je crois, un être fort ordinaire, sans vices ni défauts choquants. Sa physionomie (vous savez que je tiens à cet indice) promet de la franchise et de la douceur. Cependant les choses vont assez mal en sa faveur. Il a fait déclarations, protestations et supplications à la pauvre enfant, qui ne doute pas plus de leur solidité que de la clarté du soleil. Et pourtant, depuis son départ (au mois d’août), il n’a pas donné signe de vie à la famille. Quand on questionne l’autre, resté à Paris et qui est (je le crains bien,