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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

spirer au chien Bleu, qui ne manque pas d’intelligence. Je prends plaisir à m’entretenir avec lui sur toute sorte de matières, lorsque, couchés au clair de la lune sur le fumier de la basse-cour, durant les longues nuits d’hiver, nous examinons le cours des astres et leurs rapports avec le changement des saisons et le système entier de la nature. C’est en vain que j’ai voulu améliorer l’éducation et réformer le jugement de mon autre camarade, l’oncle Mylord, que vous appelez épileptique et convulsionnaire ; car, dans la frivolité de vos railleries mordantes, vous n’épargnez pas, messieurs, les personnes les plus dignes d’intérêt et de compassion par leurs infirmités et leurs disgrâces.

Quoi qu’il en soit, messieurs, je ne m’adjoindrai pas dans cette défense le susdit oncle Mylord, parce que, sa complexion nerveuse ne le rendant propre qu’aux beaux-arts, il fait société à part et passe la majeure partie de son temps dans le salon, où on lui permet de se chauffer les pattes en écoutant la musique, dont il est fort amateur, pourvu qu’il ne lui échappe aucune impertinence ; ce qui malheureusement, vous le savez, messieurs, lui arrive quelquefois. Je dois en même temps vous déclarer que, dans le système de défense que j’ai adopté, j’ai été puissamment aidé par les lumières et les réflexions du chien Bleu. La franchise m’oblige à reconnaître les talents et le mérite de cette personne estimable, que vous n’avez pas craint d’envelopper dans vos soupçons