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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

nageons dans celui des autres ! Vous êtes heureux d’être homme ; chez vous, la colère fait diversion à la douleur. Merci encore une fois de votre lettre.

Ne vous lassez pas de nous donner des détails. Je ne crois pas qu’il ait pu rien arriver à ma mère ; mais la pauvre femme a dû avoir bien peur. Voyez-la, je vous en prie ; elle demeure près de vous, boulevard Poissonnière, no 6. Ne vous étonnez pas si son accueil est singulier ; elle a l’étrange manie de prendre tous les gens qu’elle ne connaît pas pour des voleurs. Criez-lui en entrant que vous venez de ma part savoir de ses nouvelles, et, si elle vous reçoit froidement, ne vous en inquiétez pas. Je vous saurai gré de ce nouveau service. Adieu.


XLII

À MADAME MAURICE DUPIN, À CHARLEVILLE


7 septembre 1830.


J’aurais répondu plus tôt à votre lettre, ma chère petite mère, si je n’eusse été fort malade. On a craint pour moi une fièvre cérébrale, et, pendant quarante-huit heures, j’ai été je ne sais où. Mon corps était bien au lit sous l’apparence du sommeil, mais mon âme galopait dans je ne sais quelle planète. Pour parler tout